nous ALGERIE, Terre d'Afrique: Oran, La Radieuse

28 janvier 2012

Oran, La Radieuse


" Rien n'est plus beau, rien n'est plus significatif pour celui qui aime du même amour l'Afrique et la Méditerranée que de contempler leur union du haut de Santa Cruz.(…)Ce tas de monnaies blanches jetées au hasard, c'est Oran ; cette tâche d'encre violette c'est la Méditerranée ; cette poussière d'or sur un miroir d'argent, c'est le sel de la plaine à travers le soleil. " Jean Grenier


Le site d'Oran fut occupé dès la préhistoire comme le confirment les fouilles entreprises dans les grottes avoisinantes. Vers le deuxième millénaire avant JC, les Phéniciens y fondent des établissements commerciaux et par la suite ce sont les Romains qui occupent la région. Ils en font une des plus riches contrées agricoles de leur Empire grâce à la mise en oeuvre d'un système d'irrigation. C'est ainsi que fut fondé " Portus Divini ". La situation géographique du site avait été déterminante dans le choix de l'implantation : présence de sources d'eau, accès à la mer, possibilités de défense, ...



La ville s'éteindra cependant suite aux invasions successives des Vandales en 455 et des Arabes en 645. Il faut attendre 903 pour que des marchands arabes venus d'Andalousie réoccupent le site. Ils y construisent quelques habitations et entrepôts afin d'établir des relations commerciales avec les Nomades du Sahara.
La ville porte alors le nom de Wharan et ne possède pas son propre port. C'est Mers El Kebir qui jouera ce rôle jusqu'en 1846.

La ville s'enrichit de manière fulgurante et est tout aussi rapidement l'objet de convoitises. Les Fatimides, dynastie chiite, les Almovarides, dynastie berbère installée en Espagne et en Afrique du Nord et les Merinides, également Berbères vont tour à tour s'en emparer.
Ces troubles n'empêchent pas Oran de prendre de l'extension et de s'enrichir grâce aux relations commerciales qu'elle entretient avec des villes comme Marseille, Gênes ou Venise. Ses épices, ses laines et ses tissus sont fort appréciés des Européens.

L'opulence dans laquelle vivent les Oranais entraîne inévitablement un relâchement des moeurs ; corruption et décadence s'installent dans la ville en même temps que pirates et forbans.
C'est ainsi qu'en 1509, les Espagnols s'emparent de la ville. C'est le début de deux siècles d'occupation hispanique.
Ils fortifient la ville et construisent le fort de Santa Cruz qui domine la ville.
Les Turcs commandés par Bou Chlahem assiègent et prennent Oran en 1708 mais cette occupation est de courte durée et les Espagnols en redeviennent maîtres en 1732.

Lorsque le tremblement de terre de 1790 détruit une grande partie de la ville, le roi d'Espagne se désintéresse de cette ville qui lui coûte plus qu'elle ne rapporte. Il la cède le 6 mars 1792 au Bey d'Alger. Oran devient la capitale jusqu'en janvier 1831 lorsque les Français entrent en vainqueur dans Oran et que, après plusieurs années de troubles Abd El Kader se soumet à Louis Philippe.

Les Français restaurent la ville et distribuent des terres pour attirer des colons européens.
Oran devient une ville cosmopolite et chaque communauté reçoit un surnom (Espagnols = escargots ; Juifs = piments ; Musulmans = melons ; …) Bien qu'il n'y eut que très peu de mariages interraciaux, aucun véritable problème n'existe alors à cause de cette promiscuité.
Cette entente est brisée en 1865 lorsque Napoléon III autorise la nationalisation française et le décret Crémieux de 1870 aggrave la situation. Les Juifs deviennent une menace électorale pour les Musulmans. La première ligue anti-juive est créée. Ces représailles ne cesseront de s'amplifier et à la veille de la seconde guerre mondiale, les Juifs perdent la nationalité française.
Cependant beaucoup de Juifs entreront dans la résistance et aideront les Français à préparer le débarquement américain en Algérie.
Le 5 juillet 1962, Oran devient algérienne.
De nos jours, elle est la seconde ville du pays et jouit d'une excellente réputation en tant que ville universitaire et industrielle.

Visite d’Oran
La ville d'Oran mérite bien son surnom de " El Bahia " c'est-à-dire la Radieuse ou la Ravissante. Elle a réussi à préserver son identité malgré ou peut être grâce à la succession d'envahisseurs.
Les traditions ont traversé ainsi les siècles et sont encore bien implantées dans les meurs des différentes communautés oranaises.
Rares sont les villes qui ont connu une telle cohabitation des confessions musulmane, juive et chrétienne, attestée par ses mosquées, ses synagogues et ses églises.
Prenez le temps de vous promener dans les vues du vieil Oran, vous y retrouverez sans aucun doute le décor de " La peste ". C'est en parcourant ces mêmes ruelles qu'Albert Camus imagina le scénario d'un de ses plus célèbres romans.
Oran est une ville qui a souffert, souffert de ses invasions, de ses épidémies, de ses tremblements de terre et surtout de ses haines anti-raciales attisées par la politique et pourtant chaque Oranais même déraciné lui reste profondément attaché.
Lorsque vous aurez terminé votre visite de la cité et de la colline de Santa Cruz surplombant la ville, vous pourrez gagner le port de Mer El Kebir et vous découvrirez les plages accueillantes.
Mais Oran est aussi une ville ou la culture s'est considérablement développée. Elle est principalement la capitale de la musique Raï mêlant traditions et modernisme qui la représente à travers le monde. Vous aurez également le choix, si vous préféré, entre une représentation dans son théâtre ou dans son théâtre de verdure.


Les Espagnols
En 1509, les Espagnols s'emparent de la ville d'Oran et mis à part un " intermède " turc entre 1708 et 1732, ils en resteront  les maîtres jusqu'en 1792 date à laquelle le roi d'Espagne la cède au bey d'Alger.
Durant toute leur occupation, les Espagnols auront à coeur de faire de la cité une ville militaire.
Ainsi le 3 mai 1577, jour de la Sainte Croix, ils construisent le fort de Santa Cruz dominant de 400 mètres la ville d'Oran, sur le mont du Murdjado.
Laissé ensuite à l'abandon sous la domination ottomane, le fort ne sera restauré qu'en 1854 par les Français.
Depuis il avait recommencé à se dégrader et les habitants avaient pris l'habitude de le 





démanteler afin de récupérer des matériaux 
de construction.
Heureusement, alerté par des associations, l'Etat a entrepris de le restaurer et d'y créer un musée.
L'Espagne collabore à ce projet et va notamment doter le musée d'armes et objets datant de l'époque ibérique de la ville.
Sur la même colline, est située la chapelle consacrée à la Vierge.
En 1847, une épidémie de choléra due à une sécheresse exceptionnelle décimait la population oranaise lorsque l'Evêque de la ville prit la décision d'offrir une procession en l'honneur de la Vierge partant du centre d'Oran pour aboutir en haut de la colline.
La pluie se mit à tomber et l'épidémie fut jugulée. La population reconnaissante construisit une chapelle surmontée de la statue de la procession miraculeuse. Notre Dame de Santa Cruz est devenue ainsi la patronne d'Oran.

La période  ottomane
Les Turcs se sont emparés de la ville d'Oran une première fois en 1708 mais doivent la restituer à l'Espagne en 1732.
Après le terrible tremblement de terre de 1790, le roi d'Espagne décide de ne pas garder une ville qui lui coûte trop cher. En 1792, il la cède au bey d'Alger. C'est le général Mohamed El Kebir qui pénètre dans la ville presque complètement en ruine. Pour commémorer cet événement il fait construire la mosquée du Pacha dont le minaret octogonal est typique du style ottoman. La construction de cet édifice a été financée avec la rançon payée par l'Espagne pour libérer les derniers ressortissants de leur pays enfermés à Oran.
Le bey El Kebir va moderniser la ville d'Oran et créer de nouveaux quartiers. Il y édifie également un palais qui sera habité par six beys successifs.
Le dernier bey qui habitera Oran sera Hassan. A cette époque la ville est déchirée par des luttes internes pour accéder au pouvoir. Hassan n'a pas l'envergure nécessaire pour s'imposer.
Aussi l'armée française s'emparera de la ville en 1830/31 mettant fin à la domination ottomane.

Les Français
Lorsque les Français s'emparent d'Oran le 4 janvier 1831, ils trouvent une ville en ruines et la population affamée. Certains quartiers irrécupérables sont rasés. Les rues sont mal entretenues et surtout mal fréquentées. La France va entreprendre de restaurer la ville et importe la totalité des marchandises.
La population, en 1832, est tombée à moins de 4000 habitants.
Oran va petit à petit se relever malgré l'épidémie de choléra de 1849.Des nouveaux faubourgs sont créés et les Français attirent de nouveaux colons en leur offrant des terres. Vers 1845, le général Lamoricière crée un village qui regroupe tous les " non Français ". Initialement appelé le village des Djalis (étrangers), il sera ensuite désigné sous le nom de " village nègre ". il sert à cantonner les indigènes loin des quartiers européens. Ce terme péjoratif indique le peu de considération des Français vis-à-vis des Oranais de souche.
De nos jours, ce quartier rebaptisé Mdina Jdida est le centre commercial le plus important de la ville.

La Mouna
Au 16ème siècle, les Espagnols font d'Oran une place forte et construisent une prison sur un éperon rocheux près de la rade de Mer El Kebir. Ce lieu était peuplé par de nombreux singes (los Monos en espagnol) qui donnèrent son nom à la forteresse. Les déportés espagnols enfermés à la Mona pouvaient apercevoir leurs familles une fois par an, le dimanche de Pâques.
Celles-ci se réunissaient au pied du mur et leur faisaient passer des gâteaux briochés à l'aide de longs bâtons. Depuis cette époque les Oranais continuent à déguster des " Mounas " chaque année pendant le repas pascal.

La peste de Camus
"Je veux exprimer au moyen de la peste l'étouffement dont nous avons souffert et l'atmosphère de menace et d'exil dans laquelle nous avons vécu. Je veux du même coup étendre cette interprétation à la notion d'existence en général."
Lorsque les Juifs sont exclus en 1940 des cours, les professeurs, principalement le professeur de philosophie André Benichou, organisent des leçons privées pour qu'ils puissent continuer à étudier. C'est ainsi qu'Albert Camus, ancien journaliste, alors âgé de 28 ans assura l'enseignement du français. Ces tristes jours inspirèrent à l'écrivain son célèbre roman " La peste ".

Le Rai
La musique raï tire ses origines dans les anciennes traditions algériennes lorsque les habitants venaient chercher conseil auprès des vieux du village. Ces conseils ou avis s'appelaient " raï ".
Ceux-ci réapparurent au siècle dernier sous forme de poésies ou de chansons et fusionnèrent avec les formes musicales égyptiennes et françaises. Les instruments plus modernes remplacèrent les instruments traditionnels. Le trompettiste Messaoud Bellemou et le jazzman Safi Boutella créent un nouveau genre en 1974 : le pop raï. Par la suite, le synthétiseur et la boîte à rythme ont à leur tour leur place dans le genre musical et dans les années 80 apparaissent de nouveaux chanteurs appelés les Chebs (jeunes).
Ils remettent de vieilles mélodies traditionnelles au goût du jour. Le premier festival raï est organisé à Oran en 1985 et le gouvernement atteste la musique raï comme musique natioale malgré l'opposition des islamistes.

Les Clémentines
C'est un père blanc, le père Clément qui découvrit par hasard des fruits sans pépins résultants d'un croisement entre un mandarinier et un bigaradier. On est alors en 1892 dans les jardins de l'orphelinat de Misserghin. Le père va récupérer les semences des fleurs de l'arbre et en faire un semis. La clémentine est née. Elle recevra son nom officiel en 1902 par la société algéroise d'agriculture et ce sont les pieds noirs qui l'exporteront avec succès en Corse. Le fruit n'apparut sur les tables françaises qu'après la seconde guerre mondiale en raison des difficultés posées par le transport de la fragile clémentine.

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